#01 Une boîte noire : ma tête.

maletre

J’ai envie de rire, parce que j’essaye de prendre du recul et quand j’en prends, je vois toute la merde qui m’embrouille le cerveau. De là, c’est pas beau à voir. Mais je suis tellement enfoncée profond dedans que j’arrive pas à décoller les pieds du sol. J’ai ce truc qui me dévore le bide, une sorte de rage sourde. J’arrive pas à la chasser. Mes mots hurlent pour moi. J’aimerai tellement la dégueuler, la vomir sur les pavés. Et qu’on en finisse. Au lieu de ça, je prends une claque, puis une seconde. La réalité qui frappe ma joue d’enfant. Dès que j’ouvre les yeux, ce n’est que pour y voir la nuit. Je veux rêver. Je veux rêver putain ! Qui m’a enlevé cette capacité ? Non, je l’ai toujours. Elle est bien là. Mon imagination n’est juste pas conforme à ce qui m’entoure.
Une boîte noire. Ma tête. 
Oui je suis bien cette personne à la personnalité évitante, souffrant d’hyper-sensibilité, aux traits borderline. Je suis dépendante. Pas à la drogue. Non. Juste aux gens. À l’amour que peuvent me porter les gens. Et vous savez-vous quoi ? Y a rien de plus destructeur que ça. Parce que je recherche désespérément celui qui consolera mon cœur en me berçant dans ses bras. Je suis amoureuse du concept. Je suis amoureuse du sentiment d’aimer. D’être aimée. Je veux voir les yeux d’un autre briller pour moi, pour qu’il me rende mon plus beau reflet. Mon miroir ne me renvoie jamais une image positive de ma personne. C’est sacrément égoïste n’est-ce pas ? La beauté, ce n’est pas la plasticité. La beauté, c’est ce qu’on voit pas mais pourtant qui est là, comme un halo du lumière invisible. Quand je regarde des photos de nous deux, ce n’est pas de lui que je suis nostalgique mais de cette totalité qu’on formait ensemble. Et je cherche, je cherche, encore… Je renifle le sol, remue la terre, comme si l’amour pouvait se cacher quelque part par là, sous un tas de poussière.
On finit toujours par m’abandonner, c’est inévitable. Alors que j’essaye de repousser de tout mon être le rejet. J’ai peur toute seule. Je croyais en l’amitié indestructible, aux contes de fées, alors qu’en vérité il n’existe que des dates de péremptions. Je suis pas un produit qu’on consomme, qu’on suce jusqu’à la moelle et qu’on jette ensuite. Pourquoi personne ne peut comprendre ça ? J’ai tellement d’amour en moi que j’ai besoin de le partager. Et ça, ça fait peur aux autres.
Je ne suis pas normale ? Non, c’est juste le monde qui ne tourne pas rond. Je sais pas, je suis née dans une société de consommation et pour moi ça n’a jamais été ça la définition des relations humaines. Dois-je me faire soigner, docteur ? Parce que j’ai trop d’amour, parce que j’aime les autres, que je suis capable de voir leurs plus belles qualités alors qu’ils sont pourris de tellement de défauts ? Je suis une idéaliste. Je ne dois pas être faite pour vivre sur cette planète. Je ne sais pas d’où je viens. Ça m’aiderait peut-être à comprendre si je le savais. J’ai été conçue avec un cœur trop gros. On a dû m’ouvrir pour le normaliser. On m’a juste éventré et laissé un vide dans la poitrine.
J’ai un problème. 
« L’enfer c’est les autres ? »
Vous ne savez pas ce que sait de se battre contre soi-même pour essayer d’intégrer votre petite société à la con, pour essayer de se faire accepter, être comme vous. Je ne suis pas hypocrite, j’y arrive pas. Moi tout ce que je dis, j’écris, je le pense. J’arrive pas à faire semblant. J’essaye, je vous jure j’essaye. Mais mon cœur, il veut pas. Ouais, je suis sacrément seule, mais mon cerveau est tellement embrouillé de merde, que les parasites me tiennent compagnie.
Allez vous-en ! Dégagez ! 
Qui viendra chasser mes démons ? Qui aura assez de courage pour venir me chercher dans ma folie intérieure ?
Seule. Reste seule. C’est la seule solution pour que personne ne t’abandonne. 
Pauvre sotte.

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