#15 – Il faut la voir pour y croire

méridian création

Texte écrit dans le cadre d’une collaboration à partir d’une création de Meridian.

La fin du monde, vous y croyez, vous ? Toutes les prophéties qu’on professe, toutes les balivernes prononcées pour tenter de nous faire marcher droit. Non, personne n’y croit. Plus personne. Enchaînés à un rythme de vie où on doit toujours se surpasser, on a fini par se croire plus puissants que les Dieux. Une créativité mise au nom de la destruction. Il fallait bien que quelqu’un y mette fin, qu’un Dieu descende pour tout arrêter, puis tout recommencer. Les Hommes ne pourront pas aller plus haut, ils ne pourront jamais se hisser à la hauteur de ceux qui les ont nommés.

Il faut la voir pour y croire. Sur la stèle la plus haute de la ville, ses multiples bras dansent. Elle hypnotise quiconque la croise. Ses bras ondulent. Et les quidams restent plantés là, envoûtés. Les uns après les autres, ils s’arrêtent dans leur course, paralysés. La beauté s’incarne sous leurs yeux par la féminité et la grâce. Progressivement, tout se transforme. Ses cheveux blancs prennent une teinte rosée. La vie semble jaillir d’elle, alors qu’en vérité, elle ne fait que la reprendre. Elle s’en abreuve, s’en nourrit, plus victorieuse, plus belle que jamais. Le ciel ne ressemble plus à celui qu’ils ont connu. Investigatrice de ce désordre, elle modifie les couleurs du monde. Le bleu que nous connaissons, se mêle au fushia, créant une étrange harmonie violacée. La lune apparaît alors qu’il fait grand jour, plus proche qu’elle ne l’a jamais été. Celui qui le voudrait pourrait aller la décrocher. Il n’aurait qu’à tendre la main pour la poser sur sa paume. Les rêves accessibles…

Un vertige secoue le sol, mais personne ne bouge, la tête plongée dans l’espace. Mars se rapproche de Vénus. Hommes et femmes n’ont jamais été aussi proches qu’aujourd’hui. Toutes les batailles inutiles prennent fin, laissant place à un grand silence. Les cœurs battent si fort qu’ils en font trembler la terre. La crainte de la collision. Le désir de ne faire plus qu’un. Bouger, c’est prendre le risque que tout s’effondre. Parler, c’est prendre le risque de mettre fin à cette révolution. Les Hommes s’abandonnent, alors qu’elle s’apprête à tous les prendre en son sein. Ils cherchent en elle, celle qui les sauvera tous. Tout faire disparaître, puis renaître.

Il faut la voir pour y croire. La fin du monde. La plus belle création des Dieux.

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