Kursed « en acoustique, on se sent plus à poil »

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Photo de Ange Della Maggiore

Kursed est un groupe de Rock Montpelliérain. Ils sont quatre, ils sont jeunes, ont de l’énergie à revendre mais aussi beaucoup de talent. À seulement 24 ans, ils viennent de sortir un deuxième nouvel EP « Apple », en vu de leur troisième album qui paraitra au printemps prochain. J’étais présente pour la Release Party qui s’est déroulée à l’International. Le sous-sol était rempli d’âmes déchainées venues danser sur le Rock’N’Roll bien huilé des Maudits. Certaines personnes se tenaient dans l’escalier, faute de pouvoir pousser les murs. Ce soir là, Kursed les a fait trembler (les murs). 
C’est dans une toute autre ambiance que j’ai rencontré deux des membres du groupe : Hugo Herleman et Ari Moitier, chanteur et guitariste. Ils sont venus faire une session acoustique dans un show-case privé. Le Rock in Loft a accueilli plusieurs artistes et professionnels le jeudi 15 et vendredi 16 octobre lors du MaMa festival. Un concept intéressant qui apporte une nouvelle approche de la musique.

Pouvez-vous nous parler du Rock in Loft ? Depuis combien de temps jouer vous dans le cadre du Rock in Loft ?

Hugo : Le Rock in Loft est un concept de concerts itinérants qui se déroule lors de festivals. Ce sont des show-cases en off qui ont pour but de faire découvrir à des professionnels, des produits et des groupes locaux.

La personne à la tête du Rock in Loft est notre manager, nous avons donc fait toutes les sessions ensemble. On a commencé aux printemps de Bourges, puis on a fait les Francofolies, maintenant le MaMa et prochainement les Francofolies. Le concept est original et le fait de jouer en soi est cool.

Est-ce la première fois que vous jouez que tous les deux en concert en acoustique ? J’imagine que vous n’abordez pas votre musique de la même façon ?

Ari : Non, ça fait plus longtemps. On avait déjà un projet où on jouait en acoustique. C’est un beau challenge, car malgré les guitares acoustiques, on veut que ça sonne Rock pour montrer ce qu’est Kursed.

Hugo : Ce n’est pas la même façon de faire. L’acoustique a un côté plus convivial, plus intimiste. J’aime bien le fait de retravailler les musiques et de les ré-adapter pour que cela colle à ce format. Paradoxalement, le trois quart de nos morceaux sont d’abord composés de cette façon. Même si ce n’est pas la même énergie que sur scène, on se sent plus à poil. La part d’improvisation est plus importante.

Il y a des morceaux qu’on adore jouer sur scène, mais qu’on ne peut pas faire en acoustique. On sait d’avance ce qu’on peut ou non jouer dans cette structure. On a fait Next Moon, Red Wine, Sucess, Rock’n’Roll et même Apple. En revanche Deep Sleep ne passerait pas. Il est nécessaire d’en avoir en réserve car c’est principalement ce que demande les radios.

Est-ce que c’est quelque chose que vous souhaitez poursuivre ?

Ari : Non. Ce sont deux choses différentes. C’est agréable de le faire dans le cadre du Rock in Loft, mais nous ne ferons jamais un album entier en acoustique.

Vous avez sorti votre premier album en 2010. Quels changements avez-vous connu depuis ?

Hugo: Auparavant Kursed était un trio. On a appris à jouer ensemble à 13 ans, ça a duré presque dix ans. Ari nous a ensuite rejoint pour l’album Retro Mania, puis Romain a remplacé Fabien à la batterie. Cela fait deux ans que nous avons cette formation.

Concernant le style de nos albums, Like a Coffee sorti en 2010 était plus Grunge. Miaow davantage axé sur de la pop British. Quand Ari est arrivé, il a apporté ses propres influences et Rertro Mania a pris une tournure plus indie.

Le fil rouge de Kursed est le Rock’N’Roll, mais nous ne limitons pas nos influences à ce genre. Nous pouvons aussi bien écouter du Swing, du Jazz, du blues, de la soul… J’aime quand il y a une cohérence mais que les albums ne se ressemblent pas forcément. Dans nos morceaux, il se passe quelque chose de différent à chaque fois.

On nous compare souvent aux Arctic Monkeys et pourtant ce n’est pas le groupe qui nous inspire le plus. C’est un groupe qu’on aime, mais quand on compose ce n’est pas à Arctic Monkeys qu’on pense. On est conscient que certains titres comme Apple peuvent y faire penser, mais si on en prend d’autres comme Deep Sleep, il n’y aucune similitude. Qu’on me dise que j’ai la voix d’Alex Turner me fait sourire car je ne partage pas ce sentiment.

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Photo de Ange Della Maggiore

Quel regard portez-vous sur votre aventure musicale ?

Ari : Depuis qu’on a notre manager, Kursed a bien évoulé. On est plutôt content de la tournure que prennent les choses.

Hugo : La signature avec le label cette année, a provoqué une petite révolution dans le groupe. C’est la première fois qu’on enregistre dans un aussi beau studio. On a un bon son, un bon arrangement et on a bénéficié d’un bon accompagnement par Lionel Buzac. Nous avons depuis une meilleure promo et plus de dates. Je n’ai plus l’impression de passer autant de temps sur l’ordinateur. Et à côté de ça, nous sommes totalement libre artistiquement. Nous avons gagné en temps et en efficacité. Le fait qu’une tierce personne fasse cette part du travail, on se sent plus crédible que de le faire soi-même. Personnellement, je le sens beaucoup mieux même si je ne vends pas la peau de l’ours…

Comment avez-vous rencontré Le Petit Chat Noir et comment la collaboration s’est-elle mise en place ?

Hugo : On a signé avec 25h43, c’est la même manager que le petit chat noir à la différence que le 25h43 est basé à Paris et le petit chat noir à Montpellier. J’aime beaucoup cette rencontre car cela s’est fait à l’ancienne. On a fait une date à Montpellier, elle est venue nous voir alors qu’elle ne nous connaissait pas. Ensuite, elle a assisté aux répétitions seule puis avec les autres membres du label, puis on lui a envoyé les pré-prod’. Ça m’a immédiatement donné confiance. On ne s’est pas trompé en signant chez eux, car ils font du très bon boulot.

Avez-vous d’autres projets en parallèle de Kursed ?

Hugo : Pour vivre, oui. Je suis intermittent du spectacle. On fait des reprises avec Ari et je travaille aussi en collaboration avec une conteuse. Je vis de ma passion et ça c’est génial.

Ari : Je fais des concerts avec Hugo et on monte un nouveau projet avec Romain, le batteur. On a tendance à rester entre nous.

Un de vos morceaux est intitulé « Tarantino ». Est-ce que le cinéma fait partie de vos sources d’inspirations ?

Hugo : Clairement oui. J’attache beaucoup d’importance à la cohérence visuelle. Concernant Tarantino, ça peut paraître cliché mais je suis un fan absolu. Cette chanson, ce sont des phrases cultes de ses productions. Le lendemain où j’ai été voir Django, j’ai écris Country Song. C’est à 90% ce film qui m’a inspiré.

Y-a-t-il un de vos morceaux que vous imaginer dans un film ?

Hugo : Je pense plus au clip quand je compose, cependant c’est un truc qui me plairait bien : qu’on me file des images pour y mettre une musique dessus. C’est un gros challenge mais ça serait intéressant.

Vous aimeriez faire la BO de quel film ?

Hugo : Sailor et Lula. C’est un film des années 90. L’histoire st un peu kitch, l’univers est très 70s, un peu Crooner, avec des morceaux d’Elvis. C’est une période qui nous inspire bien.

Ari : Pour ma part, ce serait peut-être plus sur un Western.

Hugo : Je t’aurai bien vu sur un Batman, faire un thème Dark comme sur le pingouin.

Le format que vous préférez : EP ou LP ?

Hugo : L’album. À la base, je ne voulais pas faire d’EP, on en sort sous les conseils de notre manager pour alimenter l’actualité.

Ari : On a des chansons assez variées. 4 titres c’est trop court pour présenter le projet.

Hugo : C’est le paradoxe, car les personnes que tu vas démarcher ne vont jamais écouter un album en entier, alors qu’avec l’EP ils vont le faire. On a choisi de créer quelque chose d’efficace avec l’EP.

Photo de ODyL
Photo de ODyL

Comment se passe la phase enregistrement ?

Hugo : L’enregistrement de cet album a été un peu plus carré que les précédents. On a fait une résidence de deux jours avec Lionel Buzac. Il a été riche en suggestions et conseils. Il nous disait « Je vais te proposer 100 idées et si dans les 100, il y en a une de bonne, c’est qu’on avance. » Grace à lui il y a certains morceaux qui ont beaucoup bougé. On a fait toutes les prises en live avec du matériel vintage. C’est la première fois, qu’on optait pour ce format et Lionel a bien fait de nous pousser dans cette voie. Sur certains titres, ça nous a même paru évident. Par la suite, on ne s’est pas refusé à ajouter un bon nombre d’instruments comme des orgues, des tambourins, du violon… Nous ne nous disions pas : « merde, en live on aura pas la trompette, comment on va faire ? » Ce serait dommage de s’en priver quand cela sert le morceau.

Ari : Il y a beaucoup de groupes qui n’aiment pas le studio, mais nous c’est quelque chose qui nous plait vraiment.

Ca fait toujours le même effet de sortir un album ?

Hugo : À la sortie d’un album, on a toujours la même fougue et en même temps on n’attend rien. C’est la phase la plus excitante car tout change, y compris la setlist sur scène.

Quelle est la suite des évènements pour le groupe ?

En avril 2016, le vinyle d’Apple sortira ainsi qu’un clip. J’adore les vinyles. Quand tu as un CD tu le mets dans un coin, alors que le vinyle c’est un vrai objet que tu vas prendre le temps d’écouter. Il y a des styles de musique qui s’y prête mieux que d’autres et on pense que c’est le cas de Kursed.

Actuellement, on a des dates un peu partout jusqu’à janvier, y compris en dehors de l’hexagone comme en Suisse. La prochaine fois, on espère importer notre musique encore un peu plus loin.

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