Cobain : Montage of Heck, le docu-rock viscéral sur Kurt Cobain

Cobain : Montage of Heck

Hier après-midi, je suis allée voir le documentaire sur le leader du groupe Nirvana « Cobain : Montage of Heck« . Je suis habituellement peu sensible à ce type de format, mais je dois saluer l’orignalité de ce documentaire et la façon unique dont Brett Morgen est parvenu à m’embarquer.

Les premères images débutent sur une interview. En l’espace de quelques secondes, je crains de devoir supporter pendant plus de deux heures, cet aspect narritif que je trouve chiant au possible (dans une salle de ciné en plus !). Très vite, je me rends compte que ça ne sera pas le cas. L’interview est entrecoupée par des séquences filmées du concert de Nirvana. Des cris, du son qui m’assaillent les tympans. Kurt Cobain est dans un fauteuil roulant. Il peine à se mettre debout. Se raccroche à son micro avant de s’effondrer. C’est ainsi que le documentaire débute et une sensation de malaise m’envahit déjà. L’ouverture annonce la fin tragique du chanteur.

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Le générique passé, le documentaire s’ouvre sur l’enfance de Kurt. Des images joyeuses, touchantes dont témoigne sa mère. « Comme n’importe quel enfant » pensons-nous. Et peu à peu, nous sentons le basculement, celui qui sera irréversible pour Kurt, ce sentiment d’abandon qu’il éprouve, de rejet, de honte… Des dessins violents sont projetés à l’écran qui prennent peu à peu vie. En fond sonore, les baguettes battent violemment les caisses d’une batterie, la guitare s’énerve. Nous sommes ballotés entre le calme des interviews et le tumulte de la vie de Kurt. Tour à tour, sa mère, son père, sa soeur, sa première petite amie, Dave Grohl et Courtney Love interviennent. Leurs paroles se font de moins en moins présentent pour donner plus de place à ce héros tragique. On le suit d’un bout à l’autre de sa vie, de sa naissance, jusqu’au live acoustique à MTV Unplugged, deux mois avant son décès.

Cobain : Montage of Heck est constitué autour de vidéos et d’extraits des carnets de Kurt. Ce qui pourrait paraître plat et sans interêt, ne l’est pas. Une vraie animation est apportée autour de ses carnets. Les dessins s’animent, l’écriture prend forme sous nos yeux, les ratures, les ré-écritures et toujours accompagnés de la musique du groupe. Des passages sont réalisés en animation, reproduisant des évènements de la vie de Kurt, narré par le chanteur lui même. Les couleurs sont sombres, mais l’ensemble soigné. Il y a une vraie patte. Ce qui fait l’originalité de ce documentaire, ce sont ces visuels diversifiés, empêchant l’ennui du spectateur

L’intention de Brett Morgen n’est pas seulement de raconter la vie de Kurt Coabin, car après avoir lu une interview du groupe, je me rends compte que des passages de leur vie est survolée voire sauter. Ce qu’a voulu évoquer le réalisateur, c’est le mal-être dans lequel vivait l’artiste, la personne sensible qu’il était, son intériorité. Ce n’était pas forcément facile à retranscrire et pourtant, il a réussi. Il a recourt à une ambiance sombre voire malsaine qui m’a quelques fois fait penser à The Wall des Pink Floyd, tant les dessins et les paroles étaient torturés voire difficilement supportables.

Je ne peux pas juger si ce documentaire est juste, mais il y a une sincérité, une force d’émotion prégnante qui m’a fait m’identifier au personnage. Quand j’étais collégienne, j’écoutais ce groupe sans en comprendre les paroles. Pourtant quelque chose me parlait, un univers doux, mélancolique et révolté à la fois. Maintenant, quand j’entends la voix de Kurt, ce sont ses émotions que j’entends, sortant de son estomac, du plus profond de lui-même. Pour certains, ce chanteur ne faisait que « gueuler », mais pour moi, il s’exprime, sa souffrance et sa colère sortent de ses tripes.

Fan ou moins fan de Nirvana, je ne peux que vous conseiller Cobain : Montage of Heck, car il permet de comprendre, de mieux saisir cet homme fuyant la foule et passionné de musique. Ce documentaire interroge, bouleverse, proteste. Durant ces deux heures, nous sommes aussi amenés à faire notre propre analyse de notre intériorité.

Un bel hommage.

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