#05 Le courage des oiseaux

18689698626_d28715dd18_o

Nous rendons nous vraiment compte du temps qui passe ? Du passé que lentement nous accumulons seconde après seconde ? Qu’est-ce qui différencie mes souvenirs de mes rêves ? Les ai-je vraiment vécu ? Certains de mes songes me semblent plus réels. Je me projette en arrière, j’y parviens mais rapidement tout me paraît inconsistant. Une pièce se dessine dans mon esprit. Je visualise chacun de ses recoins, je peux presque la respirer, sentir le papier peint sous mes doigts. Pourtant, quelque chose manque. Ce n’est qu’un décor vide. La seule chose que je désire revoir dans le film de ma vie est absente. La personne avec qui j’ai partagé ce lieu s’est effacée, comme si elle n’avait jamais été là, qu’elle n’avait jamais été entre ces quatre murs. Les objets semblent avoir meilleure mémoire que les personnes.

Et les mots, que devrait-on dire des mots ? Les conversations, les échanges que nous avons eue sont aussi inexistants que l’encre sur ma feuille blanche. Un mot est un battement d’aile et chaque battement d’aile nous éloigne de notre point de départ. Quand nous venons à lever la tête vers la grande voute céleste, il n’y a que l’immensité du ciel. L’oiseau a disparu et le bleu est de nouveau bleu. Vierge.

Nous ne laissons au monde, que nos propres poussières. Les cendres de nos corps réduits à néant. Paraît-il que même la douleur de l’absence se tarit. Pourtant la douleur est le seul sentiment capable de rendre une personne plus présente qu’elle ne l’a jamais été. Fantôme, elle flotte au dessus de notre échine courbée tandis que nous enveloppons son être invisible entre nos bras nus.

Ecrire pour ne pas oublier, écrire avant que le décor se vide et que les lumières s’éteignent. Ecrire avant que l’oiseau blanc s’en aille et que le ciel bleu redevienne bleu. Dans la tempête de mes tourments, je veux rendre la beauté à l’éphémère. Suspendre le temps et prolonger ce battement d’aile autant qu’il est possible.

4.5/5 - (2 votes)
%d blogueurs aiment cette page :