Le jeudi 4 mai se tenait un concert place de la république en opposition au Front National à quelques jours du vote du second tour de la présidentielle. Une trentaine d’associations se sont mobilisées en organisant l’événement de “la république réplique” avec à l’affiche une sacrée programmation digne d’un festival tel que les Solidays. Pas franchement engagée politiquement, mais l’étant particulièrement culturellement, les noms de Peter Doherty, les Wampas, Naive New Beaters, Zaza Fournier, Gaspard Royant et j’en passe, m’ont convaincu de m’y rendre. Un événement gratuit avec autant d’artistes que j’ai en affection ? Oui, forcément, je devais y être ! Mais peut-être y ai-je mis un peu trop d’enthousiasme en m’y rendant.
A tout juste 19h, la place était grise, les parapluies de sorties et le public clairsemé. Je suis arrivée pile à temps pour l’apparition de Jane Birkin qui a chanté a cappella “la Javanaise”, repris en chœur par quelques amoureux du grand Serge. Un beau moment, mais qui n’a duré que le temps d’une chanson. Flavia Coelho a pris la relève dégageant une belle énergie. Si cette soirée a démarré plus fort, très vite, l’attente s’est révélée longue et pesante. Les présentateurs en ont conscience et justifient ces temps de latence par le fait qu’ils veulent bien faire les choses et nous offrir un bon son. Certes ! Mais 5 minutes de live pour 10 à 20 minutes de pause ? Bof !
Le plus généreux durant ces mini-sets qui ne duraient pas plus de deux chansons, a certainement été Peter Doherty. C’est presque surprenant qu’il n’ait pas fait faux bond à l’événement quand on sait que quelques jours plus tôt, il devait être au Truskel et que c’est finalement son guitariste qui l’a remplacé. On sent bien, qu’il est venu là un peu en dilettante, il ne cherchait pas vraiment à mettre l’ambiance, il a fait sa presta et basta. Mais quand même… C’est le seul qui a chanté l’un de ses morceaux phares avec “I don’t love anyone” et qui a enchaîné avec trois titres. Malgré quelques fausses notes sur le dernier titre qui a laissé ses musiciens perplexes, c’est peut-être l’artiste de la soirée que l’on a le plus apprécié.
On a préservé un peu de ce plaisir d’être présent sous la pluie avec Tété qui a ramené sa chaleur et sa douceur sur scène. Il est d’ailleurs très agréable de voir un artiste comme lui, que l’on sent dans le respect, car c’est une des valeurs essentielles qui devrait être transmise dans ce genre d’initiative.
Le reste de cette soirée n’a été qu’une longue attente des groupes que j’étais venue voir, mais qui n’a pas été satisfaite (suis-je arrivée trop tard ? Restée pas assez longtemps ?). Les autres artistes passants sur scène n’ont pas franchement été à la hauteur, comme Oumou Kouyaté accompagnée de deux autres chanteuses africaines en tenue traditionnelle qui nous ont fait un mauvais playback, The AFM dont la bonne volonté et les bonnes intentions étaient perceptibles, mais se sont révélées gâtées par des basses beaucoup trop présentes. FFF (Fédération Française de Fonck) qui se sont réunis pour l’occasion après presque 15 ans de silence, a relevé le niveau. Il n’y a pas de mystère, le groupe a de la bouteille et cela se sent. Ils ont fait preuve d’une excellente énergie et enfin, nous avons eu le sentiment d’assister à un vrai concert, puisqu’ils sont restés plus de 10 minutes. Pour autant, la sauce ne prenait toujours pas de mon côté, en partie à cause d’une ambiance plus que médiocre.
L’événement s’affichant ouvertement politique et on ne pouvait pas ne pas s’attendre à quelques discours contre le FN. Quelquefois cette lutte de la haine par des propos vulgaires, voire haineux, laissait perplexe. Plutôt que de nous plonger dans une ambiance bon enfant, nous ressentions une forme de tension qui n’était finalement pas si propice que ça à la fête. Le public s’est révélé discret et même quand Audrey Pulvar est arrivée sur scène pour asséner son discours, elle n’a reçu qu’un faible écho parmi la foule.
La présence des artistes était un beau geste, en revanche avec des sets aussi courts que 2 titres, cela donnait davantage l’impression d’un spectacle de fin d’année ou d’une kermesse. Je dois bien avouer que face à cette initiative, je suis mitigée. Durant cette soirée, je n’ai pas ressenti le poids de la culture, ni même des artistes, comme si leur présence était accessoire, qu’on mettait en avant une ribambelle de célébrité, dont certains par message vidéo, pour transmettre le message “d’aller voter contre le FN”. Que finalement, ce soir la musique, l’esprit de cohésion, de se retrouver entre citoyens, n’était pas vraiment au rendez-vous. Quant aux différents discours ? Ils étaient creux et manquaient d’arguments pour convaincre les gens comme moi, qui étaient venus sans réelle couleur politique (parler de racisme et de haine est un raccourci un peu facile).
Après 3 heures de mini-sets et de discours politiques, j’ai capitulé. Je n’aurai vu qu’un artiste parmi les six – et plus – que je souhaitais voir, mais je sais que je les apprécierai davantage dans le cadre d’un concert “neutre”. Si certains comme Renaud et Saez sont doués pour mélanger musique et politique, “La république réplique” n’aura pas été à leur hauteur. Comme quoi, même ça, relève d’un art.
Un événement qui en promettait beaucoup sur le papier, mais qui, à vouloir trop en faire, ne s’est pas révélé convaincant.