Le 20 octobre, paraissait le nouvel album de Raphaël Moraine « Le costard fera l’affaire ». À cette occasion, Raphaël Moraine accompagné de ses musiciens organisait un concert à la Manufacture de La chanson. Je m’y suis rendue, curieuse de découvrir cet artiste.
Le concert a débuté avec le titre éponyme de son album « Le costard fera l’affaire » qui sonnait comme une invitation à nous offrir « le verre », à la terrasse d’un café parisien sur les notes d’un accordéon et d’un saxophone. Spectateurs attentifs, c’est avec délice que nous sommes entrés dans son univers.
Derrière les apparences, l’artiste nous a progressivement dévoilé des émotions plus authentiques, ce que cachait ce costard, symbole d’un monde matériel et d’une autorité austère. Loin de l’être, sa musique était joyeuse et festive, célébrant l’existence à travers la danse. Le chanteur-compositeur parlait de ce qui lui est proche, s’appropriant les rêves d’enfant de son fils pour se transformer en Super Gaby, parlait avec douceur et sensualité de celle qu’il aime dans « Lola ». Et d’autres fois, ses mots se faisaient plus engagés avec « Je suis », faisant référence aux attentats. Une bonne façon d’illustrer qu’il combat la violence par la joie de vivre. Certains de ses textes ont été écrits par d’autres auteurs, dont Matthieu Robet qui sait exprimer les idées de Raphaël Moraine comme s’il s’agissait des siennes.
« Je suis la voix qui chantera toujours plus fort que le cri de tes balles et tes appels à la mort. Je suis les rires en terrasses et les corps qui se collent, je suis les lèvres qui s’embrassent et les jupes qui s’envolent. »
Dans sa musique, on y retrouvait plusieurs références, parfois des ambiances plus jazz avec Mademoiselle, le romantisme de Paris avec la présence de l’accordéon, mais aussi des influences orientales sur le titre « Au fond de toi ». Amir Mahla, au saxophone, s’est transformé en charmeur de serpent avec son instrument, tandis que la voix de Raphaël venait séduire nos cœurs.
« Au fond de toi, il y a un secret que tu ne vois pas, cette chose que tu cherches partout est juste posée là au fond. Au fond de toi… »
Il nous a baladé d’une ambiance à une autre, tout en étant profondément ancré dans la variété française, de sorte qu’on ne s’est pas ennuyés. Sa voix n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Bazbaz, grain particulier à la fois grave et chaude. Elle contrastait avec celle de Priscilla au chœur, plus aiguë. Un duo qui fonctionnait bien, particulièrement sur le titre « La cadence du dehors » se faisant l’écho l’une de l’autre.
La salle de la Manufacture de la Chanson est un lieu intimiste permettant une proximité appréciée avec les artistes. Ce sentiment de convivialité s’est d’ailleurs ressenti tout au long du concert. Sur scène, une ambiance familiale transparaissait entre les musiciens, une connivence perceptible dans leurs regards et la joie parfois pudique de Raphaël. S’ils sont sérieux dans leur art, sur scène ils le sont moins. Tous les quatre avaient à cœur de mettre à l’aise leur public, de nous faire rire comme ça aurait pu être le cas face à une pièce de théâtre. Raphaël Moraine s’est transformé en fakir, plus tard Priscilla a enfilé un masque de catch déclenchant un éclat de rire dans la salle. Nous avons même eu le droit à une distribution de chocolat pour « Un traitement de choc au chocolat ». Toutes les bonnes choses étaient donc réunies pour nous faire passer un excellent moment.
Au cours de ce set, Raphaël Moraine a invité Aquillon qui a assuré la première partie de cette soirée, pour une reprise. Le duo a interprété un classique de la chanson française : « Comme d’habitude » de Claude François. Si Aquillon cherchait à être au plus proche de l’artiste original, Raphaël nous a proposé une interprétation plus personnelle, se l’appropriant davantage.
Ils ont terminé en rappel avec « le costard fera l’affaire » bouclant la boucle. Un concert largement apprécié qui a permis de découvrir son album en live le jour de sa sortie, en y ajoutant une pointe d’humour et la convivialité d’un tel événement.