Local Live : une première édition réussie avec Damébochi, Sloń et Silvio Ilardo

Vous aimez l’art, l’insolite et la chanson française ? Voilà le cocktail détonnant que nous a réservé le Local Quinze, ce vendredi 29 novembre. 

C’est dans un lieu des plus atypiques du quinzième arrondissement que le Local Quinze, studio de musique, a organisé sa première soirée live : le Matraselva. Quand nous arrivons, nous sommes guidés par quelques bougies. Si nous sommes perdus, ce n’est pas le lapin d’Alice qu’il faut suivre, mais le point d’interrogation. 

Que cache ce grand mur blanc qui ressemble à un hangar ? Le Matreselva est un atelier d’artiste. Nous sommes accueillis par des sculptures et des peintures colorées. Nos yeux se promènent partout, notre esprit propulsé dans une nouvelle dimension, à tel point qu’on ne se presse pas pour rejoindre la salle où se déroulent les concerts. On fait connaissance avec les œuvres d’art, les gens et le bar où les boissons sont à 2 euros. Décidément, tout est magique ici !

Le public fait déjà comme chez lui dans ce lieu cosy et s’installe sur les tapis. Même si le sol est des plus confortable, la salle du Matreselva est pleine à craquer. Alors que l’heure H approche, il faut se lever pour laisser à chacun l’espace suffisant de se réunir autour de la petite scène champêtre.

Une présentatrice vient annoncer le déroulé de la soirée, chauffer l’ambiance et combler l’attente. Un groupe et deux artistes se partagent l’affiche, chacun disposant d’un créneau d’une trentaine de minutes : Damébochi, Sloń et Silvio Ilardo, maître de cérémonie de cette soirée. C’est court, mais le Local Quinze offre un beau panel de jeunes artistes — et de qualité s’il vous plaît ! 

Damébochi, groupe français qui mélange les genres

Damébochi ouvre la première partie à 21 h avec leur titre Impressions. Même si on sent quelques hésitations sur le démarrage, nous sommes rapidement saisis par l’originalité de leur univers. À eux cinq, ils donnent un bon coup de fouet à la chanson française à travers leur style néo-soul, tout en poésie et en touches mélodieuses. Ils mélangent les genres : jazz, hip-hop et soul, rien que ça. La partie instrumentale est léchée, tandis que Daria, la chanteuse, vient donner au groupe son identité à travers sa voix unique. On aime ou on n’aime pas, ce qui est sûr c’est qu’elle ne laisse pas indifférente.

Entre improvisations, solo et poésies, ils nous présentent les morceaux de leur premier EP : « Sauvez-vous », « éclats », « W » qui parlent presque tous d’amour, les cœurs en guimauve en moins. Pour la dernière, ils nous réservent un inédit, joué pour la première fois, il y a une semaine semaine seulement.

Damébochi est un jeune groupe aux qualités scéniques et instrumentales qui nous propose de belles compositions et nous promet de bonnes surprises.

  • Damébochi Daria
  • Damébochi Clément

Quand sonne la fin du concert, le public évacue vers le bar et l’extérieur, le temps de boire un verre et fumer une clope. Une cigarette, puis deux, puis trois plus tard… L’entracte se prolonge à cause de problèmes techniques. Pas de quoi venir entacher la soirée pour autant. Les espaces sont chaleureux, la compagnie est bonne, rien ne presse. 

Sloń, inspirée par Dame Nature

Sloń monte sur scène à 22 h 30, accompagnée de ses deux musiciens, l’un au piano, l’autre à la harpe et nous embarque dans son univers onirique. La nature est ce qui l’inspire, et il n’y a qu’à l’écouter pour sentir les feuilles frémirent à notre oreille. Finaliste de la Nouvelle Star en 2017, elle nous dévoile son premier EP qui sortira au printemps « Je m’entends toujours mieux avec les gens qui n’existent pas ».

Elle commence son set avec « J’ai fermé les yeux et j’ai tout vu » — oui Sloń aime les titres à rallonge, il va falloir vous y faire ! De sa voix délicate et cristalline, elle dévoile des textes qui lui tiennent à cœur, tantôt sur la violence faite aux femmes avec « La fille aux cheveux bleus » ou sur la dépendance affective. Elle s’exprime, exprime sa différence et en est fière. Parle ouvertement de son autisme. Ce qui pourrait être perçu par les autres comme une faiblesse, Sloń en fait sa force.

Au milieu de ses compositions, elle interprète également deux reprises : « Les Démons de Minuit » d’Images et « Habibi » de Tamino. Nous avions déjà eu l’occasion de l’entendre chanter cette version personnelle de « Les Démons de Minuit » sur le plateau de La Nouvelle Star, si bien que le public l’accueille avec enthousiasme et reprend avec elles les paroles. Elle transforme cette chanson en une version lumineuse, douce et poétique, dans une espèce de clair-obscur qui vient révéler toute sa beauté. Sloń conquit ! Si j’émettais quelques réserves quant à la reprise de Tamino, je dois admettre qu’elle s’en sort admirablement bien.

Sloń est un savant mélange entre Camille, Émilie Simon et Bjork. 

Slon
© Raphaël A.

Silvio Ilardo, un Monstre romantique

Silvio Ilardo clôture cette soirée. Il est accompagné d’un violoniste qui vient donner à sa musique l’émotion qu’il faut. Pureté du violon et voix écorchée, la guitare pour l’équilibre. Il chante des chansons d’amour, des chansons un peu tristes, mélancoliques, qui finissent mal en général. Ces titres portent des prénoms de femmes « Lenalita », « Ana » ou « Julia ». Après la légèreté des deux premiers morceaux, il est rejoint par deux autres musiciens ; une bassiste et un batteur, qui viennent donner la mesure et donnent un tout autre tournant au concert. Plus vif et festif, Silvio nous fait danser avec « Je ne suis pas à l’aise quand je baise » et « N’hésite pas ». Il perd l’aspect romantique, pour prendre celui du Monstre, à l’image du cœur cousu qu’il a dans la main. Violoniste et chanteur s’envoient des vannes sur scène qui fait l’amusement de la salle. 

Pour la dernière, ils déménagent la batterie au milieu de la fosse et jouent ensemble le titre le plus connu de Silvio Ilardo : « Tourbillonne ». Le public encercle les quatre artistes et filme ce moment intime et unique. Le bonheur est là sur nos visages et résume en peu de chose ce que nous pensons de cette soirée. Elle se termine juste à temps pour choper les derniers métros, mais au moins on l’aura vécue pleine et entière. 

  • Silvio Ilardo
  • Cédric Manuel Silvio ilardo

Une première session Live réussie, que nous pouvons déjà qualifier comme l’une des soirées les plus originales de la scène parisienne de cette fin d’année.

La seule question est : à quand la prochaine ? Mon agenda est prêt !

Merci à Raphaël A. pour sa collaboration aux photos

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