Même si je ne suis pas une grande fan de polémiques qui amènent souvent à une gué-guerre où chacun y va de ses convictions personnelles, il ne faut quand même pas pousser Mémé dans les orties ! Alors je vais effectivement prendre part à la battle Grégoire VS Benjamin Biolay sur le ring de la chanson française.
Dans une vidéo postée sur Instagram, Benjamin Biolay a accusé Grégoire d’avoir plagié « Ton héritage » avec son titre « Mes enfants ». Celle-ci n’est en revanche pas dénuée d’humour (noir), puisqu’il a composé pour son imitateur le « refrain manquant » à sa chanson.
« Sachez que copier c’est pas beau ; Même si travailler c’est trop dur ; Qu’entre 100 notes et 3000 mots ; Qu’entre les cris et les murmures ; Y a moyen de faire un morceau ; Surtout pour sa progéniture ; Sans faire d’emprunt ou pas trop ; Et sans se faire gauler c’est sûr ; Qu’il n’y a que la honte qui dure »
Curieuse, j’ai été écouter ledit titre et je dois bien reconnaître que la ressemblance est plus que frappante. Voici quelques similitudes entre les deux morceaux plutôt évidentes dès la première écoute :
Première similitude : le thème
Les deux chansons parlent du même sujet. Effectivement, les deux titres « Ton héritage » et « Mes enfants » font référence à la progéniture des artistes. Benjamin Biolay répète d’ailleurs à plusieurs reprises « mon enfant, mon enfant » dans sa chanson.
Seconde similitude : le jeu au piano
Tout comme BB, Grégoire joue « Mes enfants » en piano-voix avec la même suite d’accords. Bien évidemment, on peut faire plein de chansons avec les mêmes accords sinon les artistes seraient vachement limités pour composer leur musique, mais instrumentalement parlant, les divergences ne sont pas flagrantes.
Troisième similitude : la voix
La voix de Grégoire est presque murmurée, légèrement rauque avec des intonations montantes puis descendantes suivant la ligne d’accord, qui bien évidemment rappelle encore une fois « Ton héritage ».
Quatrième similitude : le texte
Effectivement, Grégoire donne des conseils à ses enfants et il n’a pas de refrain contrairement à Benjamin Biolay. De plus, le temps employé n’est pas non plus le même (conditionnel VS futur). En revanche, l’intention est globalement proche : souhaiter le meilleur pour ses enfants malgré les difficultés qu’ils pourront vivre en s’adressant directement à eux.
Si les paroles ne disent pas la même chose, on retrouve des similitudes linguistiques :
Biolay : « Il va falloir faire avec
Ou… plutôt sans »
VS Grégoire : « Il y aura des jours avec,
Et il y aura des jours sans »
On retrouve également les allitérations en « en » très fréquentes chez Benjamin comme chez Grégoire avec une référence perpétuelle au temps : « de temps en temps », « partir avant », « et que passe le temps » chez BB ou « par moment », « l’endroit où l’instant », « pour les lendemains » chez Grégoire.
Ces sonorités proches les unes des autres tant mélodiquement, que dans la langue, font que notre cerveau va naturellement les associer. Grégoire aurait aussi bien pu parler d’épinards que notre impression n’aurait pas été différente, même si elle est ici renforcée par la thématique abordée puisqu’elle est identique.
Ce n’est pas une ressemblance qui fait penser à un plagiat, mais un ensemble d’éléments qui rende ces deux morceaux aussi similaires. Dès lors que l’oreille reconnaît un autre titre à la place de celui qu’il écoute, il y a effectivement de quoi se poser des questions. Si les paroles avaient été les mêmes, on aurait presque pu croire à une cover ! Cependant Grégoire dément formellement toute inspiration en postant une vidéo où il écrit :
« Personne n’a le monopole d’une suite d’accords Monsieur « Me Myself and I » et personne n’a le monopole d’un thème : relis « si… » de kipling, enfin lis-le plutôt. »
Donc il s’agit bien d’une composition « originale » écrite par Grégoire et inspirée par un poème de Kipling (dont l’emploi du conditionnel rappelle également l’oeuvre de Benjamin Biolay), mais qui n’a strictement rien à voir avec « Ton héritage ». Une explication peu convaincante à mon goût.
Dans tous les cas, les paroles de Grégoire sonnent bien ironiquement : « Sachez aussi qu’il ne faut pas / Succomber à leurs invectives, / Il faut rester honnêtes et droits, / Sans être de ceux qui les suivent. »
Qui a tort, qui a raison ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion avec les deux titres en question :